Affaire Hamma – l’armée mauritanienne :Les éclaircissements de son frère aîné !

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Après l’interpellation de monsieur Alim Mohamed dit Hamma, opérateur économique malien par les autorités mauritaniennes, son frère aîné monsieur Mahmoud Mohamed Ahmed, revient sur le type de relation qui a lié son frère à l’armée mauritanienne quand celle-ci était en combat contre AQMI en terre tombouctienne du Mali. Dans l’entretien qui suit, monsieur Mahmoud Mohamed refuse de croire que la rétention de son jeune frère en Mauritanie est due à un soupçon de travailler avec AQMI. Lisez !

Lafia révélateur : Qui est votre frère ?
Mahmoud :
il s’appelle Alim Mohamed. Il est né et grandi à Tombouctou ville. Il est opérateur économique. Il est PGD d’une société dénommée EKA Station. Je vous informe qu’il a son agrément depuis 2009 et qu’il est le seul distributeur agréé de produits pétroliers dans la région de Tombouctou. En tant que distributeur de produits pétroliers, il ravitaille souvent l’armée malienne en carburant, surtout lors de ses missions en brousse. Dans la même logique, quand l’armée mauritanienne était venue en campagne contre AQMI non loin de Tombouctou au mois de septembre 2010, le Gouverneur de la région de Tombouctou lui a délivré un certificat l’autorisant à ravitailler l’armée mauritanienne en carburant. Ainsi, 10 000 litres de gasoil et 2500 litres de kérosène ont été vendus en bonne et due forme par mon frère à l’armée mauritanienne. Toutes les factures sont là pour l’attester. (Une copie du certificat du gouverneur et des factures nous été remis).

Lafia Révélateur : Et l’histoire du camion intercepté par AQMI en partance pour ravitailler l’armée mauritanienne en brousse ! Paraît-il que le camion contenait le carburant vendu justement par votre frère à l’armée mauritanienne. La question que les gens se posent et que l’armée mauritanienne aussi se pose certainement, c’est que comment AQMI a su que le camion allait ravitailler l’armée mauritanienne en carburant ? N’est-ce pas que toutes les preuves sont réunies pour soupçonner votre frère d’être en connivence avec AQMI ?
Mahmoud : rire ! Je confirme que c’est mon frère qui avait vendu le carburant en question à l’armée mauritanienne conformément au certificat délivré par le Gouverneur. Il s’agit en fait des 10 000 litres de gasoil dont je vous ai parlé dans votre précédente question. Mais ce que je tiens à rectifier que les gens ont déformé dans cette affaire, c’est que le camion n’appartient pas à mon frère. Il a été loué à un transporteur et contrairement à ce que les gens disent, il n’a pas été brûlé aussi, c’est le carburant seul qui a été brûlé.

En fait, voici comment cette histoire s’est passée : l’armée mauritanienne achète 10 000 litres de gasoil avec mon frère qui devraient être livrés en brousse sur le site de Inestel. Un camion a été donc loué pour aller livrer le carburant à l’armée sur le champ de bataille sur le site de Insetel dans la zone de Hassi Sidi. Toutes les explications ont été données au chauffeur qui était accompagné par son apprenti. Le travail de mon frère est fini à ce niveau.

Le chauffeur a été jusque sur le site indiqué, il n’a pas trouvé l’armée mauritanienne sur place. Jointe par le chauffeur, l’armée mauritanienne a donné d’autres indications au chauffeur. C’est en essayant de retrouver ce nouveau lieu indiqué que le chauffeur a croisé un véhicule d’AQMI. C’était quelques temps après les bombardements aériens de l’armée mauritanienne sur les positions d’AQMI. Les membres d’AQMI étaient donc dispersés dans le désert en ce moment. C’est pourquoi à mon humble avis, le camion a croisé un véhicule d’AQMI. Après avoir bien interrogé le chauffeur et l’apprenti du camion, AQMI a compris que c’était le carburant de l’armée mauritanienne. C’est pourquoi ils ont immédiatement ordonné à ce que le gasoil soit descendu. Ils ont libéré le chauffeur et son apprenti avec le camion et ont brûlé le carburant qui était destiné à l’ennemi.

Donc, vous avez compris comment ça s’est passé. Mais à conclure par là que c’est mon frère qui aurait informé AQMI de la position du camion parce que tout simplement c’est lui qui a vendu le carburant aux mauritaniens, est trop facile non ! D’ailleurs, il n’était pas le seul à savoir qu’un camion allait ravitailler l’armée mauritanienne en brousse. D’autres personnes étaient certainement au courant. Mais à mon humble avis, AQMI a croisé par hasard ce camion parce que ses éléments étaient tout simplement dispersés.

L’armée mauritanienne sait pertinemment que mon frère Hamma ne travaille pas avec AQMI, sauf si c’est elle même AQMI !

Lafia Révélateur : Parlons maintenant de son arrestation en Mauritanie, comment c’est arrivée ?
Mahmoud :
il a amené la maman à Mauritanie plus précisément a Baskounou, le 12 avril dernier. Baskounou est non loin de la frontière malienne où la maman à des parents. Il a tranquillement fait son séjour sans être inquiété. Le soir du 18 avril, il a été informé les autorités de Baskounou de son intention de rentrer le lendemain 19 avril au Mali. Mais après, il y a eu un changement dans le programme, car la maman n’avait pas fini de faire ses courses. Le voyage a été donc reporté. Quand les autorités de Baskounou se sont rendus compte qu’il était encore sur place contrairement à ce qui leur avait été annoncé, elles l’ont convoqué au commissariat le 20 avril. On a commencé à l’interroger sur ce qui le retenait encore. Il est resté au commissariat de Baskounou le 20 et le 21 avril. Le matin du 22 avril, ils l’ont demandé de passer au commissariat central de Nouakchott (la capitale mauritanienne). Depuis cette date, ils le retiennent là-bas. Et puis j’informe tous les maliens que contrairement à ce qui est écrit dans les journaux de Bamako, il n’est pas emprisonné. Il est seulement retenu.

Lafia révélateur : Mais qu’est ce qu’on le reproche exactement ?
Mahmoud :
il m’a appelé pour me dire de ne pas s’inquiéter. Qu’il pensait que c’était une grande chose, mais qu’on lui demande seulement les raisons qui l’avaient poussé à reporter son voyage sur le Mali. Et qu’ils reviennent aussi sur l’interception du camion par AQMI avec le carburant. Aussi, ils l’interrogent sur sa propre sécurité à Tombouctou dans la mesure où il a eu à travailler avec l’armée mauritanienne qui est désormais l’ennemi juré d’AQMI. Donc mon frère se porte bien et il est même optimiste par rapport à sa libération qui ne devrait plus tarder. Il pense même que les mauritaniens regretteront leur acte après et lui présenteront leurs excuses.

Contrairement à ce qui est dit dans les journaux à Bamako, on ne l’accuse pas d’avoir collaboré avec AQMI. Je vous ai expliqué au début de l’interview le type de relation qui le lie à l’armée mauritanienne, les mauritaniens sont donc suffisamment renseignés pour ne pas l’accuser d’une chose aussi grave que de collaborer avec AQMI. Il dit qu’il est retenu par les autorités mauritaniennes pour seulement des besoins d’enquête.

Lafia révélateur : La Mauritanie a-t-elle réglé ses factures ?
Mahmoud : non ! Il n’a pas encore reçu un rond. Mais je crois que ceci ne doit pas poser de problème, car l’ambassade de la Mauritanie au Mali est au courant de tout. Ce n’est donc qu’une question de temps, le règlement de ses factures. Le montant total de ses factures est plus de 20 millions.

Lafia Révélateur : Les autorités maliennes ont-elles réagi ?
Mahmoud : pas à notre connaissance. Je pense qu’étant donné qu’il est malien jouissant de tous ses droits civiques et s’acquittant de tous ses devoirs de citoyen ; les autorités maliennes doivent le défendre.

Lafia Révélateur : Avez-vous d’autres choses à ajouter ?
Mahmoud : je voudrais que les gens sachent que mon jeune frère Hamma a commencé à travailler et a eu de l’argent avant l’arrivée d’AQMI et de l’armée mauritanienne. Il a ravitaillé l’armée mauritanienne simplement dans le cadre de son travail quotidien.


Ce que je voudrais surtout ajouter, c’est le côté de la Maman. Elle est diabétique, ses médicaments sont déjà emballés avec les autres bagages et mis dans le véhicule. Le véhicule est garé là-bas au commissariat de Baskounou, la police interdit de toucher au véhicule. La Maman n’a donc pas accès à ses médicaments et ça nous inquiète. Je lance vraiment un appel aux autorités mauritaniennes de voir ce côté très vite.
Entretien réalisé par Diakaridia TOGOLA

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